Écoles : l'apprentissage du français contribue à un climat de paix
Membre de l’Ordre du Saint-Sépulcre à Rouen, Charles Avril, directeur des études à l’Institution Jean-Paul II, a coordonné l’été dernier un camp du Réseau Barnabé. Direction Ramallah, en Cisjordanie.
En quoi consistent les camps d’été du Réseau Barnabé ?
Il s’agit de camps estivaux, animés par des volontaires français, à destination des élèves des écoles chrétiennes de Terre Sainte. En une dizaine de jours, notre objectif est de leur faire pratiquer le français de façon ludique et quotidienne. C’est un complément et un soutien indéniable à l’important travail réalisé par les professeurs tout au long de l’année.
Pouvez-vous nous dire quelques mots de votre équipe ?
C’était un groupe « atypique » selon Alice de Rambuteau, animatrice du Réseau Barnabé. Nous étions 8, entre 20 et presque 60 ans : des étudiants, des jeunes pros et des enseignants plus expérimentés, certains exerçant dans l’Enseignement Catholique. Nous avons été épaulés sur place par des adolescentes, élèves de l’école Saint-Joseph, volontaires pour participer à ce camp.
Quelles activités aviez-vous prévues ?
Nous proposions des activités francophones variées autour de la thématique des villes de France : Paris, Strasbourg, Blois… Nous avions imaginé un voyage à travers notre pays. Ce fut le prétexte et l’occasion de partager de nombreux aspects de la culture française avec les jeunes. Malgré leur jeune âge (entre 6 et 12 ans), nous avons été impressionnés par la qualité de leur français, reflet de l’enseignement dans cette école.
Quel souvenir gardez-vous de l’accueil reçu sur place ?
Nous avons été accueillis comme ceux qui venaient combler une attente portée par la communauté des religieuses et la communauté éducative de l’école Saint-Joseph. Les sœurs et la directrice souhaitaient fortement qu’un camp se déroule pour les élèves de l’école. L’accueil fut chaleureux tant par les élèves, que par les professeurs et le personnel de l’école. Tous nous manifestaient la joie de nous rencontrer et de nous faire découvrir et aimer la Palestine à travers la culture, la langue et surtout la cuisine.
Je retiens personnellement l’accueil extraordinaire de la directrice, Shireen Mogannam, qui enseigne également à l’Université de Bethléem. Une femme qui a le souci de faire du développement intégral de la personne humaine, une priorité dans son travail de direction et d’éducation. La vocation de l’éducation catholique est identique quelle que soit la culture où elle s’exprime.
Que revêt pour vous l’importance de tous ces efforts en faveur de l’apprentissage du Français ?
L’Anglais est très présent dans les territoires palestiniens. Si nous tendions l’oreille, avec attention, dans les rues de Ramallah, nous pouvions entendre des jeunes passer aisément de l’Arabe à l’Anglais dans une même conversation. Les camps du Réseau Barnabé sont mis en place en partenariat avec le conseiller de Coopération et d’Action Culturelle du Consulat général de France à Jérusalem. L’apprentissage du Français relève, en effet, d’une question diplomatique et renvoie à la place occupée par notre pays dans cette région. Toutefois, ce qui me paraît important est de ne pas oublier tout ce que véhicule de façon indirecte une langue : rapport à la réalité, perception du monde... Sans chauvinisme aucun, le Français, longtemps langue diplomatique, est une langue qui peut contribuer à une éducation et à un climat de paix.
En quoi cette expérience a-t-elle modifiée votre regard sur la Terre Sainte ?
Nous avons souvent un regard et un amour d’une Terre Sainte passée ou lointaine, parfois même imaginée. Ma vision de la Terre Sainte s’est comme actualisée. Ramallah n’est pas strictement un « lieu saint », même si la Tradition y fait mémoire de la sainte Famille (cf. Lc 2, 41-52). Nous avons vécu, d’une certaine manière, la vie des chrétiens latins, la vie ordinaire de ceux que nous, chevaliers et dames du Saint-Sépulcre, sommes appelés à soutenir. La vie faite de joie, de rencontres mais aussi de contraintes et de difficulté. Vous mesurez davantage les problématiques concrètes que posent la situation politique. Les diverses rencontres m’ont permis également de « décentrer » mon regard occidentalisé sur les réalités politiques, religieuses et culturelles ; en particulier dans la relation avec le judaïsme et Israël. Ce regard est vivifié par un renouvellement spirituel indéniable lors des temps de prière que nous prenions lors de nos excursions dans les lieux saints. C’est aussi une ouverture du cœur, une disposition d’écoute qui ne cherche pas à tout comprendre, mais à accueillir l’autre dans sa réalité, en acceptant ce que je peux trouver paradoxal ou surprenant.
En quoi cela nourrit-il votre vie de chevalier du Saint-Sépulcre ?
Cela donne du sens aux rencontres mensuelles au sein de notre équipe de chevaliers à Rouen (commanderie Saint Wandrille). Suite à ce temps de volontariat, d’autres membres de l’Ordre et des sympathisants sont prêts à oser cette aventure ! Nous avons décidé, en commanderie, de mener des actions au profit du prochain camp qui se déroulera l’été prochain dans cette si belle école de saint Joseph de l’Apparition, à Ramallah. Cela concrétise et incarne, à travers des personnes et, surtout, des visages, notre action au profit de la Terre Sainte.
Propos recueillis par Alain Cardinaux
Regards croisés : Alice de Rambuteau, animatrice du Réseau Barnabé
Comment chacun peut participer à la mission du Réseau Barnabé en faveur de la francophonie dans les écoles de Terre Sainte ?
Les actions mises en place au sein du Réseau Barnabé sont avant tout des aventures humaines. Depuis 2006, et en collaboration régulière avec le Service culturel du Consulat général de France à Jérusalem, les formations, partenariats entre établissements, camps d’été, sont mis en place et animés par la volonté de nouer des liens, grandir en apprenant de l’autre, découvrir des cultures inconnues.
Les besoins du Réseau Barnabé sont donc là : toute personne qui adhère à ce projet et sa mission y trouve sa place ! En ce moment [NDLR : décembre], les volontaires se présentent pour s’informer sur les camps de l’été prochain. En parallèle, les directeurs d’écoles de Terre Sainte manifestent leur souhait d’accueillir des jeunes francophone quelques jours dans leur établissement.
Par ailleurs, des professeurs se lancent dans des correspondances scolaires, des formateurs de l’Enseignement catholique partent en Terre Sainte ou accueillent en stage des professeurs de français ou directeurs d’école dans leurs locaux. Enthousiasme et volonté sont les moteurs indispensables à la réussite de ces actions, tant la différence culturelle et le contexte géopolitique peuvent parfois complexifier les choses…
Enfin, les fruits d'une campagne de carême ou les dons personnels aident à la réussite de projets, notamment des voyages de classes de part et d’autre de la Méditerranée, ou l’achat de matériel supportant des projets entre écoles.
Regards croisés : Gaëlle Bessonnat, Consulat général de France à Jérusalem
Quelle est votre mission au sein du Consulat général de France à Jérusalem ?
En poste depuis décembre 2018, j’ai été recrutée en tant qu’attachée de coopération pour le français avec pour mission principale de soutenir l’enseignement du français dans les écoles privées de Jérusalem et des Territoires palestiniens. Je suis désormais attachée de coopération éducative.
Le service de coopération éducative et linguistique travaille en collaboration avec tous les acteurs francophones et francophiles du territoire – notamment les lycées français de Jérusalem et de Ramallah - et appuie l’enseignement du français dans les écoles publiques, dans les écoles privées, dans les universités et dans le réseau d’établissements culturels palestiniens. Ses missions sont nombreuses : il met en place la formation des enseignants et des coordinateurs de français ; promeut la mobilité étudiante et enseignante ; participe à la gestion des sessions du DELF (diplôme d’études en langue française) et du DALF (diplôme approfondi de langue française). ; et organise des activités d’environnement francophone en lien avec l’Institut français de Jérusalem et ses partenaires culturels.
Cette mission s’inscrit dans les engagements historiques et diplomatiques de la France à l’égard des congrégations religieuses de fondation française, notamment enseignantes, établies avec leurs écoles à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza.
Quelle importance stratégique revêt pour le Consulat général de France à Jérusalem la collaboration avec le Réseau Barnabé ?
En 2006, le Conseiller de Coopération et d’Action culturelle du Consulat général de France à Jérusalem demande à l’Enseignement catholique en France d’encourager les liens avec les établissements scolaires confessionnels de Jérusalem et des Territoires palestiniens. En concertation avec le Secrétariat général de l’Enseignement catholique (instance nationale), la mission est confiée à la Direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Paris de créer et de coordonner un réseau national de coopération, le Réseau Barnabé, inauguré par une première mission exploratoire organisée avec le Consulat général de France de Jérusalem en février 2007.
En coordination avec le service de coopération éducative, le Réseau Barnabé mène trois types d’actions avec les écoles confessionnelles de : mise en place de programmes de formation en immersion dans des classes en France ; création de partenariats entre établissements aboutissant parfois à la mobilité individuelle d’élèves ou de professeurs ; mise en place de camps d’été animés en français dans des écoles chrétiennes palestiniennes.
Pouvez-vous nous dire en quelques mots sur la contribution des écoles chrétiennes à l'apprentissage du français ?
Les écoles privées de Jérusalem et des Territoires palestiniens qui enseignent le français sont essentiellement des écoles confessionnelles. Il existe une solide tradition de l’enseignement du français dans les écoles de congrégations religieuses historiquement francophones. Aujourd’hui, le français est dispensé à environ 10 000 élèves, par une centaine de professeurs, dans une vingtaine d’écoles confessionnelles. Il est enseigné en tant que LV2 de la 1ère (équivalent du CP) jusqu’à la 10ème (équivalent de la seconde). Le français n’est pas une matière présente au TAWIJIHI (baccalauréat palestinien), mais ces écoles présentent, tous les ans, des candidats au DELF Scolaire du niveau A1 au B2, avec de très bons résultats.
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