Volontaires avec la DCC : la joie du service
De retour de mission ou encore sur place, des volontaires de la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC), envoyés en Terre Sainte grâce au soutien financier de l’Ordre du Saint-Sépulcre, témoignent de leur expérience.
« J’étais venue pour être utile, et je suis repartie en m’apercevant que j’ai beaucoup plus reçu que je n’ai donné ». Marie revient de deux ans de mission à Ramallah, où elle a enseigné le français aux jeunes filles de l’école Saint-Joseph. Elle fait partie de la vingtaine de volontaires financés par la lieutenance pour la France de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, dans le cadre d’un partenariat avec la Délégation Catholique pour la coopération (DCC).
Une fenêtre sur le monde
Comme elle, des hommes et des femmes, seuls ou en couple, sont partis durant un ou deux ans en Terre sainte pour donner de leur temps et de leur énergie dans les écoles, les hôpitaux ou les communautés locales, en tant qu’enseignant, éducateur, aide-soignant, bibliothécaire… Ils y apprennent la joie du service en même temps qu’ils découvrent les réalités de la vie en Israël et dans les territoires Palestiniens. « Le poste de volontaire à Ramallah est important car les élèves ne peuvent pas voyager, et ce même au sein de leur pays », illustre Marie. Auprès des 800 élèves chrétiens et musulmans de son école, elle a réalisé à quel point l’éducation est « un outil essentiel pour la liberté » et « un droit humain fondamental qui protège et maintient la vie des enfants et des jeunes en Palestine ». « Mes élèves sont dans la joie de pouvoir avoir des fenêtres sur le monde, et la présence d’une volontaire et l’apprentissage du français en sont une, souligne-t-elle. Savoir qu’une française a fait le choix d’être dans leur école, dans un endroit du globe que l’on oublie parfois et qui peut effrayer, leur donne beaucoup d’espoir ».
« Il faut du temps pour se connaître »
Non loin de là, à la Greek catholic school de Ramallah, Lisa a fait l’expérience d’amitiés sincères auprès des professeurs de l’établissement. « J’ai appris qu’il fallait du temps pour se connaitre, qu’il fallait être patient, que la vie était pleine de belles surprises… Comme me le disait souvent une collègue, Dieu nous a créé tous différents pour que nous allions à la rencontre de l’autre ! » Elle et les autres volontaires témoignent de vrais dialogues concrets dans le cadre de leurs missions, avec les musulmans notamment. Mais aussi entre chrétiens. Partie en 2017 avec son conjoint Jean-Baptiste, Gaëlle côtoie à la garderie de la maternité de l’Hospice Saint-Vincent-de-Paul de Jérusalem, des jeunes enfants issus de la corne de l’Afrique « dont les parents ont migré avant que les frontières avec l’Égypte ne soient fermées ». Une population chrétienne orthodoxe, pour la majorité, travaillant souvent dans des emplois sous-qualifiés et peu rémunérés. « Les parents migrants pensent souvent que les employées arabes sont musulmanes, alors quand l’une des employées chrétiennes se penche et que sa croix en pendentif se découvre, c’est une surprise qu’ils manifestent avec beaucoup de joie », relate-t-elle.
Porte-voix
Les soins et l’enseignement ne sont pas les seuls besoins identifiés sur place. En Terre sainte, la communication est une arme stratégique pour la survie des communautés chrétienne. Quatre volontaires sont venus apporter leurs talents de communicants au Patriarcat Latin, à Jérusalem et en Jordanie, ou auprès de la Custodie. « Au fil des mois, j’ai découvert un véritable sens dans ma mission, un sens et une responsabilité qui m’ont parfois troublée et effrayée, car ils me dépassaient : travailler à la visibilité des communautés et des institutions chrétiennes, visibilité indispensable pour légitimer leurs présences ici », confie Aziliz, attachée à l’École biblique et archéologique Française de Jérusalem. Chargé de communication auprès du Patriarcat Latin de Jérusalem, Vivien confirme. Rédaction d’articles d’actualité sur le diocèse, veille médiatique, revues de presse… « Mon travail consiste à faire parvenir la voix et la vie de l’Église de Jérusalem aux chrétiens du monde entier », résume-t-il. Depuis septembre 2016 et jusqu’en août 2018, « j’ai réalisé chaque jour un peu plus l’étendue et la complexité de la situation géopolitique et religieuse en Terre Sainte ». Son travail l’a amené à rédiger les communiqués de presse du Patriarcat latin, souvent dramatiques lorsqu’il s’agissait de relater les divers attentats à travers le monde ciblant les communautés chrétiennes. Mais aussi à rapporter les moments de joie. « Les chrétiens sont certes peu nombreux, mais ils vivent, ils sont actifs, ils célèbrent, ils fêtent. Je suis ici pour témoigner de cette activité, de cette vie auprès des autres chrétiens du monde qui ne connaissent pas, qui n’imaginent pas la situation sur place ».
L’Église latine, une minorité infatigable
Depuis le centre Notre-Dame-de-la-Paix, en Jordanie, Rémy affirme aussi avoir pu « toucher du doigt et vivre concrètement l’universalité de l’Église au quotidien », grâce à son poste. « Il existe une véritable mosaïque d’Églises, témoin de la richesse de la foi, qui rappelle aussi hélas nos trop nombreuses divisions, note-t-il. Mais que l’Église est belle dans sa diversité, ses différentes cultures et dans tous ses fils et ses filles ! » A ses côtés à Amman durant près d’un an, Claire a suivi de près les projets et la vie du diocèse. « L’Église latine locale, une minorité infatigable », résume-t-elle. Au-delà des bancs chrétiens, Claire témoigne aussi d’un « dialogue interreligieux qui ne trompe pas, car il passe par une amitié quotidienne qui se construit au jour le jour ».
« Ici, pour la première fois, confie la chargée de communication, il m’a semblé toucher du doigt cette vérité étonnante et pourtant réelle : le Christ habite tous les êtres, même ceux qui n’ont pas la joie de le connaître. Mystère de l’Evangile qui s’accomplit parfois au travers d’âmes qui semblent si loin de la Foi catholique… Combien de fois ais-je été renversée par le témoignage de ces femmes musulmanes, parfois abandonnées par leur mari, qui se battent pour que leurs enfants atteints d’un handicap puissent avoir une vie digne alors que la société leur envoie un message contraire ? Combien ai-je été admirative devant l’une d’entre elles qui est venue tous les jours se porter volontaire pour aider les professeurs ? Merci mon Dieu car Tu nous surprends toujours là où on ne T’attend pas ! »
Au séminaire latin de Beit Jala, Florent, lui-même séminariste, s’est engagé en août 2016 en tant qu’assistant en langue française pour une mission de deux ans. « Ce volontariat, ce fut rencontrer, ou plutôt se laisser accueillir et inviter par un monde qui n’était pas le mien, qui ne le sera jamais totalement, et pourtant qui m’a apporté beaucoup », affirme-t-il. Comme d’autres, il lui reste, depuis son retour, le souvenir d’une « grande joie, malgré les moments d’échecs, d’énervements, d’impatience… Mais toujours insignifiants par rapport aux moments de bonheur partagé ! » Une expérience impressionnante et magnifique dans le cadre de sa formation de séminariste, retient-il. « Que de richesse à vivre en si peu de temps, et à dire en si peu de mots ! »
Un partenariat durable
Partenaire de la DCC, l’Ordre du Saint-Sépulcre a financé pour plus de 70000 euros les missions attachées à la Terre sainte, au titre de l’année 2018. Il s’engage à nouveau pour l’exercice à venir, pour soutenir des postes d’aide-soignante à l’hôpital français Saint-Louis de Jérusalem, de chargé d’études documentaires auprès de la Custodie, d’assistant chef de projet à la Maison d’Abraham, ou encore de superviseur de cours de français à la paroisse du Cœur-Immaculé-de-Marie, en Jordanie.
Crédits photographiques : DCC - Laguette - Desbarbieux
Soutenons les communautés religieuses de Terre Sainte !
En Terre Sainte, les communautés religieuses sont des piliers de la présence chrétienne : vigies...
Écoles : l'apprentissage du français contribue à un climat de paix
Membre de l’Ordre du Saint-Sépulcre à Rouen, Charles Avril, directeur des études à l’Institution...